À mi-chemin entre l’edit et le remix, Ben Gomori s’empare de morceaux africains qu’il affectionne pour les propulser dans les clubs. À l’occasion de la sortie de son nouvel EP, le Britannique a répondu à nos questions.
Ben Gomori est un spécialiste quand il s’agit de transformer une chanson africaine, traditionnelle ou moderne, en bombe dancefloor. Dans le respect des morceaux originaux, il s’en approprie l’essence pour en extraire les mélodies, structures et voix, exploitant leur potentiel dansant pour les faire tourner dans les clubs. Après ses travaux autour de Nahawa Doumbia, Amadou Balaké ou Segun Adewale, il s’attaque aujourd’hui au maître guitariste guinéen Djessou Mory Kanté pour un edit résolument house qui utilise la complexité de la mélodie de départ comme terrain de jeu. Sur la face B, c’est une longue odyssée sonore des Sénégalais de l’Orchestra Baobab qui se voit revisitée, avec le morceau original pour seule base de travail. Il en conserve ainsi les rythmes pour leur ajouter une ligne de basse ronde, tout en s’attardant sur le groove principal et les cuivres du morceau.
En quoi consiste ta collaboration avec Sterns Music ?
Le label est une collaboration entre moi et Sterns music, qui est l’un des plus anciens et des plus gros distributeurs de musique africaine en dehors d’Afrique. Ils ont une histoire très riche qui remonte aux années 1960. Je les ai approchés avec l’idée de monter un label de ré-edits pour eux, où je remixerais la musique de leur catalogue dans les styles disco et house pour lesquels je suis connu. Toute la musique vient de leur catalogue pour le moment.
Comment choisis-tu les morceaux que tu vas éditer ?
J’ai écouté des centaines de morceaux de leur back catalogue (catalogue ancien) pour trouver ceux qui pourraient fonctionner avec mon style. En général, le tempo de la chanson ne doit pas être trop éloigné d’un tempo house, sinon, ça ne sonnera pas bien si je dois trop accélérer ou ralentir la partie originale. En dehors de ça, je cherche juste de bons grooves, des mélodies hypnotiques, des vocaux somptueux et des rythmes percussifs… Quand j’entends ce que je recherche, je le sais instantanément.
Que trouves-tu dans les musiques africaines que tu ne trouves pas ailleurs ?
Dans les musiques africaines, je trouve une diversité incroyable, et un sens de l’inconnu qui m’excite. J’adore la fusion des instruments traditionnels, rythmes et mélodies avec l’électronique et les styles de l’« ouest ». J’aime aussi les polyrythmies, les mélodies complexes que donnent la kora, les voix puissantes et les percussions virales.
Pour cet EP en particulier, qu’as-tu trouvé dans ces deux morceaux qui pourraient potentiellement devenir de la matière pour dancefloor killer ?
J’adore la guitare et le jeu de kora de Djessou Mory Kanté. « Manika guitar » était l’un des albums pour lesquels Sterns possédait tous les éléments. Cela me donne plus de flexibilité. « Denya » possède cette sorte de feeling qui glisse tout seul, et ce groove implacable. Je savais que ça allait fonctionner avec une touche de « oomph » en dessous.
Orchestra Baobab est un groupe légendaire. Je me souviens les avoir vus jouer au Primavera festival à Barcelone il y a quelques années, ils sont toujours excellents à voir. « Sibou Odia » représente juste ce jam sauvage et tentaculaire. J’adore les distorsions de la guitare électrique, ce sax courageux et cette grosse ligne de basse. Ce morceau avait tout ce dont j’ai besoin.
La description de la page Bandcamp de l’EP nous dit « tous les deux essayés et testés pour garantir un impact sur le dancefloor ». C’était quoi ce « test » ?
Je savais dès que j’ai commencé à travailler sur les morceaux que j’allais être satisfait du résultat final. Ils étaient déjà prêts à sortir, mais après les avoir joués dans quelques sets et mesuré la réaction du public, j’étais sûr que les gens allaient aussi les aimer.
L’EP sort le 22 novembre 2019 chez Sterns Music. Commandez-le ici.